Un sport de force : la dynamophilie

Myriam Ravignat

15 Sep 2020

Par Myriam Ravignat cand. B.Sc. kin

Myriam Ravignat cand. B.Sc. kin

La dynamophilie, « powerlifting » en anglais, est un sport assez méconnu. En fait, on le confond très souvent avec l’haltérophilie, son cousin. La différence est dans le choix des levés exécutés en compétition. En haltérophilie il y a l’épaulé jeté et l’arrachée. En dynamophilie nous avons le squat, le développé couché (bench press) et le soulevé de terre (deadlift). Le but étant de soulever la plus grande charge possible pour une seule répétition. En gros, l’objectif est d’être le plus fort possible sur ces 3 levés. Comme dans la majorité des sports, il y a des fédérations qui réglementent la pratique de la dynamophilie. Au Québec, il s’agit de la Fédération Québécoise de Dynamophilie (FQD).

En tant que dynamophile, on me demande souvent à quoi ressemblent mes entraînements. Comme l’année est divisée en phases d’entraînement avec des objectifs différents, mes entraînements sont assez différents si je suis près d’une compétition ou non. Cependant, le principe reste le même : on veut bâtir du muscle (phase d’hypertrophie) pour ensuite rendre ce nouveau muscle fort lorsqu’il effectue les levés de compétition (phase de force). Alors non, je ne fais pas exclusivement du « squat-bench-deadlift » comme on pourrait le croire (même s’ils font toujours partie de mes entraînements).

Ensuite, il y a la compétition. Ça ressemble à quoi? Les athlètes sont divisés selon leurs sexes, leurs âges et leurs poids corporels. Il y a donc une pesée qui a lieu deux heures avant la compétition et qui déterminera la catégorie de poids de l’athlète. Le premier levé est le squat, suivi du développé couché et du soulevé de terre, où 3 essais sont accordés pour faire la plus grande charge possible. Deux arbitres et un juge analysent les levés selon les critères de compétition préétablis. Le total de ton meilleur squat, développé couché (bench press) et soulevé de terre (deadlift) déterminera ta position dans le classement en comparaison avec les athlètes de ta catégorie.

C’est bien beau tout ça, mais pourquoi décider de pratiquer la dynamophilie? Chacun a sa propre réponse à cette question, alors je vais vous présenter la mienne. Il y a un peu plus d’un an, j’ai découvert la dynamophilie et j’y ai vu une belle manière de me fixer des objectifs et de donner un sens à mes entraînements de musculation réguliers au gym. Pour une fois, l’objectif n’était plus de changer mon physique par l’entremise de l’entraînement, mais de devenir la plus forte possible et voir jusqu’où je pouvais pousser mon corps. Avec maintenant deux compétitions à mon actif, je me prépare présentement pour le championnat provincial en novembre prochain et pour le championnat canadien en mars 2021.

Vous ne voulez pas devenir dynamophile ? Vous devriez quand même développer votre force ! Il faut savoir qu’en force, on travaille à la fois les muscles, mais aussi le système nerveux. Le développement du système nerveux par l’entremise de la force permet de recruter un plus grand nombre de fibres musculaires et donc de maximiser l’utilisation des muscles à l’effort. Il y a aussi une amélioration de la synchronisation des fibres dans le muscle et des muscles entre eux. La force peut être travaillée dans une optique de développement de la puissance (explosivité) et ce, sans qu’il y ait de prise de masse (sauf combiné à un programme d’hypertrophie). Bref, en développant sa force, on peut utiliser son corps à sa pleine capacité. Vous travaillez peut-être déjà votre capacité cardiovasculaire et vos muscles via la musculation, mais l’entraînement en force ajoute une corde à votre arc en travaillant votre système nerveux. Plusieurs autres avantages pourraient s’ajouter à la liste comme la production de certaines hormones bénéfiques, la prévention des chutes chez les personnes âgées et même la gestion de plusieurs maladies chroniques. La force est la grande oubliée mais si vous êtes bien encadré par un(e) kinésiologue, c’est sécuritaire et payant de devenir plus fort.

 

Autrice : Myriam Ravignat cand. B.Sc. kinésiologie et athlète de dynamophilie

Révision : Pierre-Olivier Pinard B.Sc. CFMP cand. DESS Nutrition et Neutrigénomique